Pierre Bensusan

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« Encore » un coffret de 3 disques de Pierre Bensusan

« Encore », y a-t-il plus bel adverbe ! Il suppose tout le plaisir présent et celui qui reste encore à glaner. C'est le titre du triple CD que Pierre Bensusan vient de publier chez DADGAD Music. Voilà réuni quarante ans de musique, et autant de scènes à travers le globe, en 38 morceaux flamboyants.

On frissonne d'un titre à l'autre. On retrouve, lavées de frais, des émotions enfouies par le temps. C'est exactement la même joie merveilleuse qui vous illumine quand on retrouve un vieil ami, un ami que les hasards ont un moment éloigné. Tout est à la fois neuf et frotté de belle patine. On reprend la conversation où elle s'était interrompue, on ouvre la même bouteille. La première fois que j'ai vu Pierre, c'était dans les années soixante-dix, sur la minuscule scène d'une maison de la culture à Blois. Je m'en souviens parfaitement aujourd'hui, c'est ce disque qui, à la manière d'une madeleine de Proust, a fait surgir cette réminiscence. J'allais alors à vélo, et la MJC était loin de chez moi. Ce fut... éblouissant. Mais pas seulement, ce fut doux et beau. Et voilà qu'en écoutant ces trois disques, d'une plage à l'autre d'autres souvenirs viennent, des séquences, des baisers, des heurts, et je constate que les musiques de Pierre ont accompagné ma vie.
Ces enregistrements publics exhalent ce parfum doux. Le silence du public entre chaque salve d'applaudissements raconte l'absolu effarement des auditeurs, mais aussi leur profonde complicité. On ne tousse pas quand Pierre joue.

Le livret qui accompagne cette lumineuse rétrospective est un petit bijou de tendresse et de drôlerie.
Ce que ne savent peut-être pas les « fans » de Pierre c'est qu'il est fidèle en amitié, attentif aux autres, curieux du monde. Ils ne le savent pas, mais ils doivent s'en douter, on n'arpente pas ainsi les méridiens et les six cordes d'une guitare sans avoir quelque chose très chaleureux dans le cœur. Est-il Juif? Algérien ? Américain?Irlandais ? Aucune importance il est, comme disait Blaise Cendrars, au cœur du monde, et de là il rayonne.
Après « Encore » on en veut plus.
Balthazar Forcalquier

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